Compagnie Torquemada

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La pièce et l'auteur        Distribution        Equipe Artistique        Extraits

 

Alan : Alors, cette fille, elle est rentrée avec toi finalement ?
Max : Tu parles de quoi ?
Alan : La nuit dernière.
Max : Oh, une merde.
Alan : Elle non plus elle a pas été tellement impressionnée par toi.
Max : Je survivrai.
Alan : J’ai pas compris... Elle a dit quoi ?
Max : En gros que parce que j’utilise le mot chatte je suis un violeur en puissance.
Alan : Elle s’est sentie offensée.
Max : Ça semblait pas la gêner d’utiliser le mot tête de nœud. (Une pause.) Ça semblait pas la gêner d’utiliser le mot bâtard. Pense au sens de ce mot.
Alan : Oui mais personne ne l’utilise de façon littérale.
Max (approuve) : Pareil pour chatte. Si je voulais insulter quelqu’un, pourquoi je le comparerais à un vagin ? Il se trouve que c’est une partie de l’anatomie que j’aime bien, sais-tu ? (Une pause.) Non, c’est des conneries. C’était juste encore une de ces chaudasses que Mikey ramasse pour pouvoir se sentir bien.
Alan fronce les sourcils en entendant le commentaire sur la « chaudasse ».
Max : Oh ça va, commence pas. Tu sais ce que je veux dire : j’en ai rien à branler de ce que font les gens. Mais celle-là elle a rien à foutre de son temps, alors elle joue la féministe professionnelle, exactement comme Mel est une tapette professionnelle. J’en ai ma claque de ces branleurs. Ils veulent quoi ? Parce que tu peux jamais gagner avec eux. (Une pause.) Tous les hommes sont des bâtards. Moi je connais plein de mecs qui étaient des mecs gentils, qui étaient des mecs bien, jusqu’à ce qu’ils se fassent baiser par les femmes. Moi j’étais un mec gentil avant. Vraiment. Et où ça m’a mené ? Nulle part. (Une pause.) Nulle part. (Une pause.) Je vais te dire un truc : les femmes obtiendront toujours ce qu’elles veulent. Si elles l’ont pas encore, c’est parce qu’elles sont pas assez nombreuses à le vouloir.
Alan (une pause) : Ou parce qu’elles  sont pas assez nombreuses à savoir qu’elles le veulent.

Penetrator, A. Neilson
p. 12-13

 

La sonnette de la porte d’entrée retentit. Ils se regardent, horrifiés.
Alan : Putain c’est qui ?
Max : Mais j’en sais rien moi ! J’ai pas des putains de rayons-X à la place des yeux !
Alan : T’attends quelqu’un ?
Max secoue la tête.
Max : Vas-y. Je serai ton meilleur pote.
Il se lève en soupirant.
Alan : Cache ce joint.
Max le dissimule avec sa main. Alan s’arrête à mi-chemin.
Alan : Je fais quoi si c’est vraiment Laura ? T’es là ?
Max (il secoue la tête) : Non !
Alan se tourne vers la porte.
Max : Si !
Alan se tourne à nouveau vers lui d’un air exaspéré.
Max (une pause) : Non. Je suis pas là. Non.
Alan va vers la porte en soupirant. Max s’assied en avant du fauteuil. Il écoute avec attention. La porte s’ouvre. Des voix étouffées dans l’entrée. Puis Alan revient, il jette un regard d’alerte à Max et lève les yeux au ciel. Il est suivi du jeune homme. Max se lève, surpris.
Max : Dick !
Dick acquiesce en entrant dans la pièce. Alan s’assied.
Max : Mais qu’est-ce que tu fous là, bordel ?
Max sourit. Il tend la main. Dick la serre.
Dick : Super, mec.
Max (il secoue la tête) : Saligaud de bleu-bite. T’es en permission ?
Dick ne dit rien, il regarde autour de lui. Max remarque du sang sur la veste de Dick.

Penetrator, A. Neilson
p. 17-18

 

Dick : Penetrators.
Max : Penetrators.
Dick : Ils pénètrent.
Alan : Question débile…
Max : Ils sont quoi une … unité secrète ou… ?
Dick secoue la tête.
Dick : Ils vous enfoncent des trucs. (Une pause.) Dans le cul.
Max : Dans le cul ?
Dick : Ils vous enfoncent des trucs. Plein de trucs différents. Je les ai découverts et ils m’ont enfermé dans cette … pièce noire, c’était une … juste une pièce noire. Ils m’ont drogué. J’ai jamais vu leurs visages. Ils m’emmenaient de temps en temps pour pouvoir me faire encore plus de trucs. Ça a duré des semaines, je pense. Je sais pas combien de temps. Peut-être des mois. 
Une longue pause.
Alan : Ça me surprend pas.
Max : Ça te surprend pas ?!
Alan (il secoue la tête) : J’ai déjà entendu des histoires comme ça. On ignore la moitié de ce qui se passe dans ces endroits. C’est bien ce que je disais.

Penetrator, A. Neilson
p. 25-26

 

Dick : Tu penses que je suis abruti, toi ?
Alan (une pause) : Abruti … ?
Dick : Un abruti, un abruti, espèce d’abruti!
Alan : Je ne pense pas que tu sois un abruti.
Une longue pause.
Dick : Je suis pas abruti au point de pas reconnaître un Penetrator quand j’en vois un.
Alan : Quoi ?
Pause. Dick le regarde fixement, puis détourne son regard. Alan regarde Max.
Alan : Il me fait un peu flipper, là, Max. (Une pause.) Je suis un peu défoncé et il me fait flipper.
Max lui fait un geste qui signifie « calme toi ».
Dick : Je peux te le prouver.
Il les regarde. Une pause.
J’ai arraché un truc à l’un d’entre eux.
Max (une pause) : Quoi ?
Dick plonge dans le sac posé sur ses genoux et en sort presque immédiatement un énorme et horrible couteau de chasse ; le plus gros couteau possible et imaginable. De toute évidence, Max et Alan sont soufflés.
Alan : Putain !
Max : Putain de merde ! 
Dick le montre fièrement, les yeux rivés dessus.
Dick : Je l’ai arraché à l’un d’entre eux. Il était sur le point de me le planter dans le cul.
Alan (en secouant la tête) : Hors de question. Hors de question. Je marche pas, là.
Max : Essaye de le tenir, putain. (À Dick:) Montre-le nous.

Penetrator, A. Neilson
p. 39

 

Rapidement, Alan prend le couteau de la main de Dick. Dick n’offre aucune résistance. Alan recule rapidement jusqu’au fond de la pièce, brandissant le couteau d’un air menaçant. Max et Dick sont simplement assis par terre.
Alan : Fais-le sortir ! Max ! Fais-le sortir d’ici ! (Une pause.) Max !
Max le regarde.
Max : Pose-le, Alan. Il n’allait pas te faire de mal. C’est ton ami.
Alan : Mon - ! Je viens juste d’être tenu en joue chez moi bordel de merde par ce psychopathe et tu - !! Mais putain c’est qui le dingue ici ??!
Max se penche en avant et ramasse un morceau de l’ours en peluche déchiqueté. Il le regarde en caressant sa fourrure avec ses pouces.
Alan : Il vient ici – ce salopard vient ici – il nous crache à la gueule toutes ses conneries sur les Penetrators et ce Putain de Norman la Tempête – il déchiquette mon putain d’ours et après il me colle une saloperie de couteau sous la gorge pendant que j’écoute deux abrutis raconter leur petit jeu de docteur chiant et banal – ! Ce serait super pathétique si c’était pas carrément monstrueux – je devrais vous faire foutre en tôle ! Je devrais appeler les flics tout de suite !!! J’en ai rien à foutre de toi Dick, putain de Dick ! T’étais un sale caïd de merde avant, t’es un sale caïd de merde maintenant, c’est toi qu’es allé t’enrôler comme un con, alors peut-être que tu t’es fait enculer, peut-être pas, mais quoi qu’il te soit arrivé tu l’as mérité putain de merde ! (À Max.) Et toi t’es quoi ? Le putain d’acolyte de cet abruti ! Eh bien maintenant je veux qu’il se barre, je veux qu’il se barre tout de suite et je veux plus jamais revoir sa sale gueule de con sauf s’il porte une muselière vous m’avez bien entendu bordel de merde ???!!!
Il agite mollement le couteau. Dick ne bouge pas. Max regarde fixement l’ours en peluche déchiqueté. Une longue pause.
Alan : Je suis sérieux !
Une pause. Max le regarde.

Penetrator, A. Neilson
p. 50